Gérer la transition énergétique
Date
3 novembre 2017
Source
Fouad Irnatene
Réussir la transition énergétique et développer les énergies renouvelables. Deux défis que le gouvernement compte relever. Sans perdre de temps. Plus qu’un choix, cette tendance s’impose. En témoignent ces chiffres : la consommation énergétique était multipliée par trois entre 1980 et 2013. La demande énergétique devrait doubler d’ici à 2030 et tripler d’ici à 2040. Au regard de ces chiffres, une question se pose : quelles sont les conditions de réussite de la transition énergétique? A ce sujet, Mohamed Beghoul, expert en énergie, explique, d’abord, que durant la dernière décennie, la consommation énergétique interne est passée d’environ 20 millions de Tep/an (tonnes équivalent-pétrole) à plus de 50 millions Tep/an, soit 1,25 Tep/an/habitant. Une statistique qui classe l’Algérie 4e consommateur d’énergie en Afrique, derrière l’Afrique du Sud (2,8 Tep), la Libye (2,18 Tep) et le Gabon (1,25 Tep). A ses yeux, le grand souci est que plus de 90% de cette énergie «provient des énergies fossiles (le gaz notamment) dont les réserves sont en diminution avérée». Les conditions de réussite, analyse l’universitaire, se situent dans un «ensemble cohérent» de mesures. Il est question, d’abord, de la «réhabilitation de l’effort de recherches de nouveaux gisements de type conventionnel, plus rentables et mobilisables, l’augmentation des taux de récupération des gisements anciens, la réduction de la demande d’énergie primaire (économie d’énergie), pourquoi pas à 1 Tep/an/habitant». S’y ajoute «l’investissement, en parallèle et avec beaucoup plus d’engagement, dans le renouvelable (solaire en particulier) dont la contribution est encore quasi insignifiante». Mais les différentes étapes d’un programme de transition énergétique «doivent être fixées dans le temps». Etant donné que la matière existe, «sa bonne gestion et l’optimisation de sa consommation demeurent la véritable clé de réussite». Dans cette optique, Mourad Preure, également expert en énergie, avait souligné que l’Algérie doit changer absolument de paradigme énergétique. «Il est impensable qu’un pays doté d’un ensoleillement exceptionnel tel que le nôtre soit totalement absent de la transition énergétique, ne l’intègre pas dans sa stratégie comme fondement des équilibres énergétiques de demain, et surtout de sa stratégie industrielle et technologique ». Il doit être clair, avait-il précisé, que la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables «doivent être perçus comme un axe fondamental de notre stratégie industrielle scientifique et technologique, et être portés par nos entreprises et nos universités». D’autre part, l’expert Said Beghoul revient sur l’impératif développement des énergies renouvelables. L’Algérie, précisons-le, est l’un des gisements d’énergie solaire parmi les plus importants au monde. Au-delà des chiffres, le Dr. Beghoul déplore le fait que notre «mix électrique est encore à 100% gazier». Et se dit convaincu qu’avec une stratégie efficace, «nous arriverons à alimenter une grande partie de nos villes et villages sahariens par de l’électricité solaire et faire épargner des milliards de mètres cubes de gaz dans le cadre de l’économie d’énergie fossile, d’autant plus que les coûts des installations photovoltaïques ont beaucoup chuté ces cinq dernières années». Il ajoute : «La cible saharienne pourrait être effectivement un des réservoirs solaires les plus rentables.»