Dr Mohamed Said Beghoul: «Marché pétrolier: les préludes d'un baril à trois chiffres»
Date
22 septembre 2015
Source
Le Soir d’Algérie , édition du 22 Septembre 2015
La chute vertigineuse des prix du baril depuis juin 2014 a tous les qualificatifs d’un choc pétrolier, le quatrième en l’occurrence, au vu de la définition classique qui décrit un choc pétrolier comme une chute draconienne du prix causée par une augmentation de la production, comme c’est le cas aujourd’hui.
Les crises resteront un phénomène répétitif tant que l’économie mondiale dépendra étroitement du pétrole. Les périodes et les raisons des différents chocs pétroliers sont bien connues, mais nous allons les rappeler, très succinctement, pour bien situer la conjoncture actuelle et à venir. Le premier choc est survenu en 1971 quand la production américaine a commencé à chuter après son passage par un pic de plus de 9 millions de barils par jour (mbj).
La hausse des prix du baril, passant de 4 à 16 dollars, a été boostée par la réduction de la production des pays arabes membres de l’OPEP et l’embargo qu’ils ont imposé, en 1973, aux alliés d’Israël pendant la guerre de Kippour. Ce choc, déroulé jusqu’en 1978, a été relayé par un second en 1979, lié à la révolution iranienne et la guerre Iran-Iraq qui ont fait exploser les prix du baril de 20 à 40 dollars. Les prix restent fluctuants entre 30 et 40 dollars jusqu’en 1986 avant de chuter à un niveau moyen de 15-20 dollars jusqu’à l’année 2004 qui marque l’amorce du troisième choc, nourri par les tensions géopolitiques, la spéculation, les craintes sur l’offre et une diminution inattendue des réserves de stocks américaines qui ont reculé à moins de 300 millions de barils.
Ce troisième choc, plus étalé dans le temps, a atteint son apogée le 3 juillet 2008 quand le prix du Brent a percuté les 148 dollars pour ensuite replonger brutalement, en 2009, à 40 dollars avant de rebondir vers une fourchette à trois chiffres jusqu’en juin 2014, lorsque le pétrole de schiste est venu éroder les prix de 60% jusqu’au jour d’aujourd’hui. Les chocs pétroliers ont toujours servi de leçons pour les producteurs mais aussi pour les consommateurs, à l’exemple de la création, en 1974, par les pays occidentaux importateurs de pétrole de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), suite à l’embargo imposé par les pays arabes de l’OPEP en 1973. L’AIE, qui a pour vocation de coordonner les mesures à prendre pour sauver les intérêts de ses 28 pays membres, en cas de difficulté d’approvisionnement ou de hausse des prix orchestrée par l’OPEP, oblige, ainsi, tous ses membres à posséder, en permanence, un stock stratégique de pétrole pour une autonomie de consommation équivalente à 90 jours d’importations.
Actuellement, nous vivons le quatrième choc causé par une production des schistes soutenue par l’innovation en matière de réduction des coûts, jusqu’à 20%, d’amélioration des techniques de forage, réalisant des puits multi-drains horizontaux de 5 000 m, contre 3 000 m initialement avec des points de fracturation tous les 30 m, au lieu de 100 m auparavant, etc., ce qui a boosté les débits des puits et maintenu la production à des niveaux assurant une marge de rentabilité de certains gisements avec un baril à moins de 45 dollars. Mais comme tous les précédents, ce quatrième choc, qui ne peut s’éterniser, finira par abdiquer sous la pression et le retour en force d’un pétrole conventionnel plus disponible et moins coûteux. Un retour qui marquera le cinquième choc dont les préludes commencent déjà à germer. Malgré le «shale boom», beaucoup de spécialistes, désormais plus circonspects, reviennent sur leurs premières analyses concernant les réserves et la durée de vie des schistes, devenue plus courte, et leur plafonnement plus proche que prévu.
Les Etats-Unis, qui savent que le pétrole de schiste est seulement un substitut momentané à leur pétrole conventionnel, épuisé depuis une quarantaine d’années, en sont conscients et produisent ainsi à plein régime, le plus vite possible, pour hisser les réserves nationales, les réserves de stock et stratégiques afin de bien gérer l’après-schiste qui pointe à l’horizon. Même si beaucoup de pays semblent disposer de réserves conséquentes à même de relayer le boom américain, tout le monde aura su que le mirage des schistes est éphémère et qu’il serait vain de le répéter ailleurs.
Plusieurs messages semblent se manifester depuis quelque temps dans la stratégie d’Obama de faire le plein du brut avant que ne survienne le second Peak Oil, celui des schistes cette fois-ci. Tout porte à croire que le chef de la Maison-Blanche est convaincu d’une correction naturelle du marché dans les années à venir, par le plafonnement puis le déclin des schistes à la faveur d’un prix du baril à trois chiffres et qu’il y a lieu de se préparer à ce qui pourrait être qualifié de cinquième choc pétrolier. Malgré le fait que l’exploitation des gisements de schiste a décuplé la production de pétrole aux Etats-Unis, qui deviennent ainsi le premier producteur du monde, devant l’Arabie Saoudite et la Russie, l’administration Obama semble vouloir camper sur sa position de maintenir l’interdiction des exportations de son pétrole, une décision imposée par le choc pétrolier des années 1970 pour s’assurer que le pays ne vienne à manquer d’énergie.
Cette décision est actuellement jugée révolue par les grandes compagnies américaines qui se considèrent pénalisées par un faible prix du pétrole qu’elles produisent à coût élevé tant que l’interdiction d’exporter n’est pas levée. Ces compagnies voient en la levée de cette interdiction la meilleure façon de lutter contre la hausse des prix imposée par l’OPEP que de puiser dans les réserves stratégiques, pratique protectrice habituelle des Etats-Unis. Mais la stratégie de l’administration Obama est de vouloir épargner le pétrole américain pour l’avenir, lorsqu’il sera encore plus difficile de s’approvisionner.
Ce que veulent faire les Américains, aujourd’hui, c’est de produire les éphémères schistes pour inonder le marché, puis importer au maximum, à bas prix, pour soigner les besoins actuels et le moyen terme tout en investissant dans la stratégie long terme lorsque les schistes auront disparu. Chaque baril de pétrole importé permet ainsi d’éviter le déstockage et d’épargner un précieux baril américain qui pourrait être utilisé plus tard. C’est, en quelque sorte, un sacrifice court terme pour des intérêts long terme, notamment quand il s’agit de gérer des questions géostratégiques en relation avec l’utilisation, par certains pays «durs», de leur pétrole à des fins diplomatiques. En dépit des pressions externes de certains pays consommateurs qui souhaitent importer du pétrole et du gaz américains (Corée du Sud, le Mexique et les Européens désireux de limiter leur dépendance de la Russie), l’opinion générale américaine dont les raffineurs, les démocrates et les écologistes, considère que l’autorisation des exportations du brut conduirait à éroder la part de marché des raffineurs américains, à augmenter les prix à la pompe et à l’intensification de la production des schistes, soit à la fréquence de la fracturation hydraulique, décriée pour ses effets sur l’environnement. Bien au contraire, et malgré les tensions dues au conflit en Ukraine, les Etats-Unis, qui savent comment et quand privilégier la sécurité énergétique aux considérations géopolitiques, viennent d’augmenter, plutôt, les importations de pétrole russe, pour la première fois depuis 2012, à raison de 70 000 barils par jour. Depuis juin dernier, le cumul de pétrole russe acheminé vers les Etats-Unis dépasse les 5 millions de barils. Les Américains trouvent que l’achat du pétrole conventionnel russe, acheminé par voie maritime, coûte moins cher que le pétrole de certains gisements de schiste texans, acheminé par voie ferroviaire. Mais que font donc les Etats-Unis avec le pétrole importé ? Et les schistes alors ?
Il semblerait qu’Obama n’aime pas le pétrole non conventionnel
Il n’y a pas que le pétrole conventionnel russe qui foule le tapis rouge des Etats-Unis. Quelques jours à peine après l’accord sur le nucléaire iranien, le 14 juillet dernier, Obama n’a pas caché un autre élément de sa vision stratégique «pro conventionnelle» en déclarant ouvertement : «Iranian Oil, good ; American and Canadian Oil, bad.» Une déclaration très mal digérée par ses alliés les plus proches, et en particulier les Canadiens dont le projet de l’oléoduc Keystone XL, reliant le Canada aux Etats-Unis, souffre depuis 2008 à cause du refus d’Obama d’approuver sa réalisation bien que ce pipeline vise à apporter d’énormes quantités de pétrole des sables bitumineux canadiens aux raffineries américaines et aux terminaux d’exportation. Ce manque d’infrastructures limitant le transport du pétrole canadien vers l’Ontario et le Québec et vers le sud des Etats-Unis ne fait que gonfler les stocks et fait chuter le prix du brut nord-américain (West Texas Intermediate-WTI) sous celui du Brent bien que ce dernier soit plus lourd et moins facile à raffiner. Il faut noter que la réalisation du Keystone permettrait de rééquilibrer les prix et réduire l’écart entre le Brent et le WTI, mais est-ce dans l’intérêt de la Maison-Blanche ?
Obama, qui oppose toujours son veto au projet Keystone XL, justifie son refus par le fait que ce projet «n’est pas dans l’intérêt national». L’administration Obama, qui a fait pression sur le Congrès de lever les sanctions sur l’Iran, voit plutôt l’intérêt des États-Unis dans l’assurance de leurs approvisionnements futurs en un pétrole conventionnel plus disponible, même venant d’un pays qui considère l’Amérique comme le grand Satan. Pour le chef de la Maison-Blanche, la géopolitique n’ayant pas droit de cité, l’Iran reste un refuge énergétique privilégié à caresser dans le sens du poil, non seulement pour ses troisièmes plus grandes réserves pétrolières au monde (157 milliards de barils), dont la durée de vie est d’un siècle, et ses secondes en gaz naturel (33 000 milliards de mètres cubes) mais aussi pour les menaces de Téhéran de bloquer le détroit d’Ormuz, par où transitent 40% du pétrole commercialisé, et faire exploser le prix du baril à tout moment.
Pourquoi la Chine, malgré l’essoufflement économique, vient d’augmenter ses importations de pétrole ?
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls énergétivores à se préparer au cinquième choc pétrolier. Il est intéressant de savoir pourquoi la Chine, malgré l’essoufflement économique, vient d’augmenter ses importations de pétrole de plus de 10% en un an, devenant ainsi le premier importateur mondial de pétrole en compagnie des Etats-Unis.
Les Chinois, profitant des prix bas du baril, ont-ils juste sauté sur l’occasion pour mieux couvrir les besoins actuels et court terme ou, plutôt, préparent-ils, eux-aussi, le moyen terme, le prochain choc en l’occurrence ? Les importations chinoises qui augmentent de mois en mois ont déjà cumulé plus de 150 millions de barils de stocks supplémentaires depuis le printemps dernier avec un objectif de 500 millions de barils, niveau non loin des capacités de stockage américaines qui avoisinent les 750 millions de barils.
Pour atteindre cet objectif, la Chine, qui ne peut stocker tout ce pétrole sur son territoire, a fait appel au «stockage flottant» en louant le plus gros pétrolier au monde (le TI Europe) qui peut contenir jusqu’à 3 millions de barils de pétrole ainsi qu’une quinzaine de pétroliers océaniques. Malgré la situation actuelle, inquiétante, de l’économie chinoise, la faiblesse des exportations n’a pas affecté les importations du brut.
L’intensification des importations frénétiques du pétrole, par la Chine, qui consomme 11 mbj et ne produit que 4 mbj, semble s’inscrire dans la même stratégie que celle adoptée par les Américains.
Le court terme : 2016-2017 : le plafonnement des schistes
Pour le court terme, il y aurait encore plus de pétrole sur le marché et les causes semblent entendues.
De nombreux facteurs baissiers planent sur les prix qui entameront probablement une nouvelle descente en direction d’un deuxième plancher, peut-être plus bas que celui de 43 dollars, atteint en 2015. Mais en cas de chute prolongée des prix au-dessous de ce plancher, beaucoup de gisements de schiste ne seraient plus rentables et leur production pourrait s’arrêter. Il est difficile de prolonger encore la hausse de la production avec des prix aussi bas.
La Chine, deuxième économie mondiale, reste un important facteur qui soutient les prix du pétrole. La réduction de ses importations vers la fin de 2015, lorsqu’elle aura atteint ses limites de stockage, ne sera pas sans conséquence sur un léger repli du marché. De son côté, l’Arabie Saoudite, qui produit déjà 10,3 mbj, ne laissera jamais la moindre fraction de ses parts de marché au profit de son frère ennemi chiite, d’autant plus que Riyad n’a pas apprécié le bon geste d’Obama pour parvenir à un accord avec Téhéran. Il ne serait donc pas question pour le royaume wahhabite de réduire sa production.
Pis encore, l’Arabie Saoudite compte pomper jusqu’à 11 mbj d’ici à fin 2015 et refuse maintenant de jouer le rôle «swing producer» au sein de l’OPEP qui dépasse aujourd’hui son plafond, avec une production proche de 33 mbj et qui pourrait même augmenter avec la levée des sanctions contre l’Iran.
Parmi les hausses envisagées, l’Iraq ne semble pas rassasié par ses actuels 3,8 mbj et envisage d’atteindre un nouveau record en augmentant sa production tout au long de l’année 2016. La Russie, elle, a besoin de soigner son économie, boudée par l’Occident à cause de l’Ukraine, et veut maintenir au moins son haut niveau de production, avec 10,8 mbj, un maintien qui jouera négativement sur le cours du marché.
Aux Etats-Unis, la production des schistes, qui a partiellement plafonné en avril dernier sur certains gisements, restera encore solide sur le reste de l’année 2015 et une bonne partie de l’année 2016 car il y a encore des gisements qui vont arriver sur le marché.
En effet, la règle est que la forte production actuelle des schistes, avec un prix du baril bas, correspond à un héritage aux puits forés il y a deux ou trois ans quand le marché se portait bien. Mais les puits à venir seraient les plus exposés à la déplétion rapide et à la banqueroute.
D’ailleurs, malgré de faibles augmentations épisodiques des forages, leur nombre a diminué de plus de 50% en un an et on ne connaîtra donc la capacité réelle de résistance des gisements de schiste que d’ici 2016-2017, période présumée du plafonnement général de la majorité des gisements. Pour l’heure, les réserves de stock, qui ne cessent de grossir, fluctuent entre 450 et 460 millions de barils, un niveau sans précédent depuis 75 ans. Par ailleurs, un début d’exportation, même restreint, du pétrole américain ramènera un autre surplus sur le marché mondial et fera replier les prix.
Mais de l’avis de nombreux observateurs, le principal facteur baissier, le plus redouté, est la reprise imminente des exportations iraniennes qui passeront progressivement de 1,1 mbj, aujourd’hui, à environ 2,4 mbj courant 2016. Tous ces facteurs qui sont accueillis négativement par le marché, déjà plombé par un surplus d’offre d’environ 2 mbj, vont accroître la pression actuelle à la baisse sur des prix à court terme.
L’OPEP, désormais divisée, dont les membres sont abattus par des déficits budgétaires et qui a déjà perdu la guerre des prix, n’aurait donc aucun moyen ni pouvoir de faire améliorer sensiblement les prix et encore moins compter sur des alliés NOPEP, eux-mêmes troublés par la morosité du marché. Ni le bombardement du Yémen, le 26 mars dernier, ni la réunion de l’OPEP du 5 juin, ni le référendum grec du 6 juillet ou l’accord nucléaire iranien du 14 juillet ou encore la force retrouvée du dollar n’ont pu grignoter à la machine schisteuse américaine plus de 2 ou 3 dollars sur plus de 48 heures.
Même si l’OPEP réduirait sa production à 28 mbj pour éponger le surplus actuel, les prix ne peuvent gagner plus de quatre dollars tant que les schistes débitent encore à flot. Les schistes constituent, en effet, le principal fondamental du marché et seule leur déplétion détient la solution radicale des prix.
Le moyen terme : 2018-2020 : le déclin des schistes ou le cinquième choc pétrolier
Dans l’immédiat, l’Iran, dont les installations ont attrapé un coup d’embargo, ne pourrait démarrer ses exportations qu’à hauteur de 300 000 à 500 000 barils par jour à partir des stocks flottants, forts de 28 pétroliers, où 30 à 50 millions de barils n’attendent que preneur. Selon la Banque mondiale, cette levée des sanctions sur la république islamique fera baisser les prix du baril de plus de 10 dollars dès 2016, une estimation qui nous semble exagérée et incompatible avec l’évolution de la rentabilité des schistes. Tout le monde s’attendait à un effondrement des prix au lendemain de l’accord sur le nucléaire iranien, mais depuis l’annonce de cet accord, le 14 juillet dernier, les prix qui n’ont pas trop réagi (restés autour de 58 dollars) étaient plutôt plus attentifs à l’activité des forages de schiste.
D’ici à 2016, le marché ne serait que très peu sensible au retour progressif de l’Iran dont les nouveaux volumes à injecter, par à-coup, sur le marché, pourraient compenser les déplétions constatées dans les gisements de schiste dont quatre ont déjà plafonné au printemps dernier.
Au final, le retour entier du pétrole iranien sur le marché mondial, qui va prendre du temps, et qui n’ajoutera qu’un million de barils par jour, pourrait coïncider avec le plafonnement et le début de déclin de certains gisements de schiste et ne pourra donc devancer la vitesse rapide du déclin mensuel de ces gisements, qui est, selon l’agence américaine de l’énergie (Energy Information Administration, EIA) dans son dernier rapport d’août 2015, d’environ 93 000 barils par jour sur l’ensemble des 7 principaux gisements qui représentent 95% de l’accroissement de la production américaine durant la période 2011-2013.
En d’autres termes, la vitesse de déclin des schistes étant exponentielle (déclin de 30% par an et par puits), la chute de leur production sera de plus en plus rapide et supérieure aux apports du pétrole iranien. Les schistes américains entreraient, vraisemblablement, tous en déclin à partir de 2019, année au-delà de laquelle tout sursis tenté par un effort de boosting de leur production demandera de gros investissements difficiles à récupérer, ce qui conduira purement et simplement à l’arrêt définitif de leur exploitation deux ou trois années plus tard, vers 2022. Les compagnies vont se concentrer sur les rares zones encore rentables et il y aura moins de production, moins de bénéfices et donc moins d’investissements dans les schiste et moins d’offre.
L’ère des schistes n’aura vécu qu’une quinzaine d’années (2008-2022), dont sept pour le boom et sept pour le déclin durant lequel le retour du pétrole conventionnel de l’OPEP et la remontée des prix vont commencer à reprendre progressivement leurs droits dès l’année 2017.
L’offre excédentaire des schistes reste la principale source de préoccupation et non le retour de l’Iran qui ne fait que rétablir une situation déjà vécue par le passé sans que les prix du baril soient trop affectés. En effet, aujourd’hui, la production cumulée des pays influents : Arabie Saoudite, Iran, Iraq, Chine, Russie et Etats-Unis, est d’environ 45 mbj et celle en 2008, avant le boom des schistes, était de 38 mbj.
La production de ces pays (Etats-Unis non inclus) n’a augmenté que de 7% entre 2008 et aujourd’hui alors que celle des Etats-Unis a doublé en passant de 6 Mbj à 11,6 mbj, grâce aux schistes, mais le prix moyen du baril en 2008 était de 97 dollars contre une moyenne de 52 dollars durant ces deux derniers mois. Cela montre le poids du pétrole de schiste sur le cours du marché mondial actuel.
Un baril à trois chiffres : un scénario possible
Le plafonnement et le déclin des schistes auxquels s’ajoute la baisse des budgets d’investissement en exploration et production, de 41% en 2015 par rapport à 2014, aux Etats-Unis et au Canada, mais aussi de 20 à 30% à travers le monde par des majors, vont se traduire, sur le terrain, par une contraction de l’offre dans les deux prochaines années, pendant que la demande de pétrole est appelée à repartir vers la fin 2015 à 2016 avec la reprise de la croissance économique mondiale à la faveur d’une augmentation des prix qui pourraient terminer l’année 2017 à 75-80 dollars le baril.
Il reste absolument très probable que tous ces facteurs vont continuer à jouer favorablement à un retour en force du pétrole conventionnel à l’approche de 2018 et qu’un prix du baril à trois chiffres est un scénario à ne pas à écarter dans les 5 prochaines années.
Pour les rentiers, il est donc urgent d’attendre patiemment ce cinquième choc pétrolier dont les préludes commencent à planer sur le marché. Tout cela semble trop beau, certes, mais qui, à l’été 2004, aurait prédit que le prix du baril quadruplerait en quatre ans pour atteindre 148 dollars en juillet 2008 et qui, à l’été 2014, aurait prédit que le prix du baril, qui était de 110 dollars, chutera de 60% en une année pour tomber à moins de 45 dollars? N’était-ce pas aussi beau ?
M. S. B.
Email: contact@begoil-consult.com
Biographie
• Diplôme d’Etat d’ingénieur géophysicien obtenu en 1977 à l’Institut national des hydrocarbures et de la chimie de Boumerdès.
• Doctorat en géologie/géophysique obtenu en 1991 à l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg (France).
• 33 années d’expérience dans la branche exploration et développement (Sonatrach et ses partenaires).
Principaux postes occupés :
1998-2002 : directeur régional à la Division exploration de Sonatrach.
2003-2005 : président-directeur général de la compagnie Halliburton Entreprise de services aux puits (filiale Halliburton/ENSP- Sonatrach).
2005-Actuel : Oil & Gas Exploration & Developement Freelance Consultant.